ISUOG 2025 Cancún - Le futur de l'échographie fœtale cardiaque: évolution ou révolution ?
A l’occasion de la 35e édition du congrès international ISUOG, événement majeur de l’échographie obstétricale et gynécologique, les équipes de FormEcho ont assisté à l’une des conférences majeures : Stuart Campbell Lecture: The future of fetal cardiac screening: evolution or revolution?, animé par le Dr. Luke Eckersley.
Voici ce qu’il faut retenir !
L’avenir du dépistage cardiaque prénatal : entre limites actuelles et révolutions à venir.
Une évolution marquée ces vingt dernières années
Dr. Luke Eckersley rappelle que les deux dernières décennies ont permis d’augmenter fortement la détection des cardiopathies congénitales. L’introduction progressive de vues standards, du simple 4 cavités à cinq plans axiaux (4 cavités, voies de sortie, trois vaisseaux) a déjà amélioré le rendement diagnostique, avec une progression continue du taux de détection, notamment pour les anomalies des voies de sortie.
Des obstacles persistants
Malgré ces avancées, plusieurs limites subsistent :
- Formation insuffisante et hétérogène des professionnels;
- Variabilité des systèmes de soins, avec inégalités géographiques et économiques;
- Faible bénéfices des indications de haut risque : beaucoup de patientes adressées pour antécédent familial ou diabète gestationnel aboutissent à un examen normal, générant anxiété, coûts et surcharge des structures.
Des études montrent que certaines indications (comme le diabète bien équilibré) n’apportent qu’une plus-value marginale, alors que la majorité des cas sont détectés lors du dépistage universel.
Tentatives de ciblage du dépistage
Les équipes ont exploré :
- L’affinement des critères de haut risque, par exemple en fonction du contrôle glycémique.
- Le suivi rapproché de certaines patientes, comme celles porteuses d’anticorps SSA.
Mais les résultats restent contrastés, et ces stratégies alourdissent souvent la prise en charge sans gain majeur de détection.
Les enjeux systémiques
Outre la technicité, d’autres facteurs pèsent :
- Inégalités socio-économiques freinant l’accès aux examens;
- Contraintes de temps pour les échographistes, sommés de « tout voir en 20 minutes »;
- Pression économique des systèmes de santé, qui cherchent à limiter les coûts alors même que la complexité des examens augmente.
Les perspectives d’avenir
Luke Eckersley appelle à une nouvelle approche :
Automatisation et intelligence artificielle (IA):
- Segmentation et classification automatiques des vues cardiaques.
- Assistance en temps réel pour obtenir les bons plans de coupe.
- Outils de décision intégrés aux logiciels de compte-rendu
Organisation en réseau :
- Partage vertical d’images et de cas complexes entre centres de soins primaires et experts.
Télé-expertise et relecture secondaire pour limiter les faux positifs/négatiffs;
Accessibilité et formation : contenus éducatifs standardisés, outils portables, implication de soignants de proximité pour réduire les inégalités d’accès.
Le futur du dépistage cardiaque fœtal repose sur deux piliers :
- Universalité du dépistage, car cibler uniquement les grossesses dites « à risque » s’avère inefficace;
- Intégration des technologies d’IA et de télémédecine, capables de sécuriser et homogénéiser les pratiques, d’améliorer le rendement diagnostique et de recentrer le temps médical sur l’accompagnement des familles.
En somme, après une phase d’évolution incrémentale, la décennie qui s’ouvre pourrait être celle d’une véritable révolution dans le dépistage cardiaque prénatal.
